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Le centriste

Ce blog s'intéresse à l'économie, à l'environnement et aux politiques territoriales

Climat et consommation d'énergie : un avenir incertain

Climat et consommation d'énergie : un avenir incertain
Climat et consommation d'énergie : un avenir incertain

La Cop21 qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 a pour objectif principal d'établir les grandes étapes d'une nouvelle politique environnementale afin d'atteindre à l'horizon 2100 une hausse des températures globales de 2° maximum : « C’est une échéance cruciale, puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C ».

 

Le tableau ci-dessous s'appuie sur deux modèles régionaux (France) respectivement mis en œuvre par des laboratoires français du CNRM et de l'IPSL : Aladin Climat et WRF. La régionalisation des simulations climatiques globales de départ a été effectuée de façon à passer de manière continue de la résolution la plus basse utilisée pour les simulations globales du rapport du GIEC.

 

C25 et C75 sont respectivement des estimations basses et hautes de la conséquence du forçage radiatif. C'est à dire qu'un forçage radiatif de 4.5 à l'horizon 2100 par exemple, aura un impact C25 (le plus faible) de + 1,1 degrés en moyenne (été-hiver) ou au plus fort (C75) de 2,5° en moyenne.

Source : climat de la France au XXIème siècle : GIEC / 2014

Source : climat de la France au XXIème siècle : GIEC / 2014

Le forçage radiatif est l'échange d'énergie (de chaleur) entre la terre et l'espace. Plus le forçage radiatif est élevé (1, 2, 3, 4 etc) plus cela suppose des changements climatiques intenses. 

Illustration du forçage radiatif

Illustration du forçage radiatif

Le projet de la Cop21 veut grosso modo tenir les estimations du scénario RCP4.5 d'ici l'horizon 2070-2100. L'objectif global est de réduire, selon le rapport du GIEC, les émissions mondiales de 40% à 70% (une tranche étonnamment assez large) d'ici 2050 par rapport à 2010 et de zéro d'ici 2100. Une inflexion très nette est préconisée d'ici à 2020 pour que les délais soient tenus.

 

Une bataille perdue d'avance ?

 

Il est grand temps d'établir les faits : de nombreux pays ne se sentent pas encore concernés par le changement climatique (Brésil, Indes...), les ambitions européennes pour la préservation de l'environnement sur son concept global sont louables mais ne sont pas suivies par le reste du monde. Et même si cela survenait, des problèmes plus technologiques viendraient freiner cette nouvelle frénésie pour l'énergie verte. Explication.

 

Récemment la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) met au grand jour des nouvelles données qui ne confirment pas les dernières prévisions du GIEC. En effet, ce groupement scientifique a prévu 4 scenarii dont le moins pessimiste est le RCP2.6, c'est à dire avec un forçage radiatif de l'ordre de 2.6 W m-2, qui devait survenir pour l'horizon 2070-2100 (la courbe continue bleue foncée sur le graphique ci-dessous). Or la NOAA a d'ors et déjà calculée un forçage radiatif de l'ordre de 2,94 W m-2 en 2014 ce qui rend ce scénario désormais irréalisable.

Le croisement des lignes vertes est le forçage radiatif actuel calculé par la NOAA

Le croisement des lignes vertes est le forçage radiatif actuel calculé par la NOAA

La Cop21 veut se tenir au scénario RCP4.5 du rapport or celui-ci est largement compromis parce que le forçage radiatif actuel était attendu pour 2055 ! Ce qui suppose d'une part que le GIEC a sous-estimé fortement l'impact des activités humaines sur le réchauffement climatique et d'autre part les efforts fournis d'ici 2050 ne devront plus être entre 40% et 70% mais de bien plus si l'on veut atteindre les objectifs ! Il n'y a plus a espérer pour eux (et nous), si les objectifs de la Cop21 restent inchangés, que c'est la variable la plus basse (C25) qui se produira.  

 

Plus inquiétant encore, selon Serge Sur dans les questions internationales n°65, aucune source d'énergie n'est actuellement capable de remplacer les hydrocarbures à terme et qu'elle gardera encore non seulement une part très importante dans la consommation d'énergie mais aussi qu'elle va probablement augmenter (par la demande d'énergie supplémentaire) obligeant certaines régions du monde d'y répondre par l'exploitation de mines de charbons (1300 mines de charbons sont en projets dans le monde!) ou par le développement des gaz non conventionnels... 

 

L'énergie renouvelable : une solution trop faible

 

La demande d'énergie est immense et continuera d'augmenter notamment avec les pays émergents qui ne cessent de développer leurs infrastructures, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, le Brésil etc. Pour répondre à cette hausse future de la demande d'énergie il faudra en produire plus. Le problème se situe au niveau des énergies renouvelables qui ne sont pas du tout opérationnelles pour y répondre : elles ont certes l'avantage d'être inépuisables et peu polluantes mais elles ont l'inconvénient d'une production globalement faible et aléatoire, avec un prix encore trop élevé.

 

Un marché s'était pourtant créé autour de cette énergie vertueuse : coût d'entretien faible, peu polluante, l’accroissement de la compétition entre firme et pays pour en développer les technologies et les vendre. Or, l'énergie produite est trop faible et ne sont pas (encore) stockable, les investissements sont lourds... en conséquence ces énergies renouvelables ne peuvent être développées que sur un concept d'usage domestique et non sur une échelle macro-économique.

 

Le nucléaire, qui avait l'avantage d'être peu émettrice en CO² a malheureusement eu une mauvaise publicité avec l'accident de Fukushima en 2011 mais aussi avec le manque de réponses suffisantes sur la question du stockage des déchets radio-actifs. L'Allemagne compte définitivement stopper son nucléaire d'ici 2022 en la remplaçant par l'éolienne mais aussi par des mines de charbons pour combler la faible productivité du premier...

 

Les énergies renouvelables (or biomasse) ne couvrent que 3,5% de la consommation d'énergie totale dans le monde. Dans le contexte européen, en novembre 2014 l'UE s'est fixé un nouveau cadre : une réduction de 40% des émissions à gaz à effet de serre d'ici 2030 et la part des énergies renouvelables devra atteindre 27% avec 27% d'économie d'énergie.

 

Nous pouvons oublier clairement de développer la biomasse qui nécessite une trop grande quantité de terre pour permettre la production d'une quantité d'énergie toujours pas suffisante. La culture de la biomasse nécessiterait un déboisement intense alors que nous subissons déjà une désertification des sols ainsi qu'un empoisonnement et un appauvrissement qui rendent la production des terres de moins en moins rentables. Nous n'avons tous simplement pas les moyens de développer ce type d'énergie verte.

 

L'accord  « historique » entre la Chine et les États-Unis en novembre 2014

 

Climat et consommation d'énergie : un avenir incertain

Un nouveau leurre pour faire bon effet. L'accord prévoit que les deux nations réduisent leur émission à de gaz à effet de serre d'ici 2025... Les États-Unis veulent réduire de 26% leurs émissions par rapport à 2005 alors que la Chine envisage elle... d'atteindre un pic des siennes autour de 2030 avant qu'elle n'envisage de les baisser.... En d'autre terme les autorités chinoises annoncent qu'elles continueront de battre chaque année des records démissions de C0² sur les 15 prochaines années... annonce historique ?

 

Les États-Unis engagent une réduction de leur gaz à effet de serre basée sur celui de 2005, c'est à dire l'année où ce pays n'a jamais autant pollué de son histoire. En effet les américains proposent donc de réduire leur C0² de -0,43% par année jusqu'à 2025... sacré effort.

 

La chine et les États-Unis provoquent à eux seuls près de 45% de la pollution atmosphérique mondiale et leur participation aux projets environnementaux mondiaux est tous simplement crucial. Pour que les objectifs de la Cop21 de paris 2015 qui seront précisés lors de cette conférence, les États-Unis devront entre 2025 et 2050 réduire de 5% par an leur taux d'émission de gaz à effet de serre alors que la Chine qui prévoit un pic vers 2030 fera l'essentiel de ses efforts après cette date sur une vingtaine d'années. Nous voyons ici un laxisme dangereux des États-Unis qui nous font croire qu'elle passera de -0,43% à -5%...

 

Le pire dans tous ça c'est que nous parlons là d'objectifs établis par les rapports du GIEC alors même que leur prévision ont sous estimé la gravité de l'impact des activités humaines sur l'environnement global.

 

Ni les États-Unis ni la chine ne sont donc en adéquation avec les objectifs fixés par le GIEC et encore moins par les nouvelles données établies par la NOAA.

 

Une politique peut-être volontaire pour bloquer les futurs objectifs contraignants de la Cop21 qui se tiendra a Paris en novembre-décembre prochain.

 

Le pic pétrolier et ses conséquences

 

Le pic pétrolier est un sujet encore largement incertain avec des périodes totalement différentes selon les sources.

 

Selon certains experts du FMI (et dont leurs rapports sont restés lettre morte) depuis 2005 la production mondiale de pétrole brut n'augmente plus sauf si nous ajoutons la part des ressources de pétroles non conventionnels alors la tendance devient légèrement positive. Au regard du seul pétrole brut (80% de la production), la production maximale est déjà atteinte.

 

Selon les mêmes experts, il est difficile de savoir quand cette stabilité va finalement décliner. Il prévoit néanmoins avec les données actuelles qu'ils possèdent que le déclin à toute les chances de se produire avant 2030. Il est vrai qu'il existe certainement d'autres réserves de pétrole mais l'extraction provoquera des coûts exorbitants, élevant le prix du baril de pétrole à des prix trop élevés pour être rentable et vendu. Le déclin (et il aura lieu tôt ou tard) se fait ressentir par une baisse de la production mondiale et si les pays n'auront pas prévu de transition énergétique d'ici là, l'impact sur leur économie sera sans commune mesure. Par exemple, si le prix du baril atteint les 200 dollars beaucoup de secteurs économiques n'auront pas les moyens nécessaires pour faire face à une telle envolée et les conséquences sur le PIB seraient catastrophiques.

 

 

D'autres rapports soutiennent que nous sommes déjà entrée dans le pic pétrolier. Certes,  il restait 40 ans de pétrole il y a 40 ans et 40 ans plus tard, il en reste toujours 40 ans. Mais à quel prix ? 

Graphique 1 Source : Patrick Brocorens, ASPO Belgique. Graphique 2 : source AIE. Graphique 3 :  déclin d'après Collin J.CampbellGraphique 1 Source : Patrick Brocorens, ASPO Belgique. Graphique 2 : source AIE. Graphique 3 :  déclin d'après Collin J.Campbell
Graphique 1 Source : Patrick Brocorens, ASPO Belgique. Graphique 2 : source AIE. Graphique 3 :  déclin d'après Collin J.Campbell

Graphique 1 Source : Patrick Brocorens, ASPO Belgique. Graphique 2 : source AIE. Graphique 3 : déclin d'après Collin J.Campbell

Sur le graphique 1 ci-dessus nous voyons que le prix du baril de pétrole était de 10 dollars en 1960, en 2010 il était de 100 dollars en moyenne, et si nous gardons une production élevée à combien le prix sera t-il vers 2040-2050 ?

 

L'extraction de nouvelles ressources énergétiques dans des zones géologiques plus compliquées va coûter cher et quand bien même nous serions en mesure de nous payer du pétrole à 250$ le baril, cela ne décalerait ce pic « tous pétroles » que de quelques années et ne résoudrait en rien notre problème de raréfaction de pétrole, à la base de 95% de nos déplacements.

 

Conclusion

 

D'ici 2050 les océans seront vidés des poissons, le déclin de la production de métaux de toutes sortent vers 2040 se confirme, des problèmes d'approvisionnement en eau et de nourriture dès 2025 sont à prévoir... L'augmentation des tensions politiques (religieuses?) dans le monde, déplacement des populations par la montée des eaux. Désertifications des sols et inondations plus intenses selon les régions.

 

La transition énergétique est compromise par le prix exorbitant de son développement et sa faible rentabilité qui l'empêche d'être une ressource à usage macro-économique. Par le manque d'ambitions politiques et de mobilisations générales (l'accord Chine-Usa n'étant qu'une vaste plaisanterie). La forte part des énergies fossiles (programmation de constructions de mines de charbons, l'utilisation de ressources fossiles non conventionnelles comme le gaz de schiste et les hydrocarbures qui resteront encore largement utilisés).

 

Enfin, le pic pétrolier va amorcer une future grave crise économique par le coût et la lenteur de la transition énergétique et par l'insuffisance de solutions technologiques adéquates.

 

Ainsi la seule vraie solution face à cette impasse économique et environnementale est de stopper les ambitions économiques et de développement industriel mais aussi et surtout d'arrêter, de stabiliser voir de réduire la population mondiale de plusieurs milliards et toute la consommation qui va avec. Il faut mieux privilégier la qualité à la quantité.

 

Le centriste

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